vendredi 3 février 2012

Ma pause plaisir

Une fois tous les 15 jours environ, je prends une pause déjeuner un peu plus longue et je vais faire une petite virée que j'aime énormément !

Je me rends d'abord à la Médiathèque. J'adore cet endroit. Le bâtiment est un ancien entrepôt de la zone portuaire sur la presqu'île rebaptisée "Malraux", du nom de cette bibliothèque... Il aura fallu deux ans de travaux pour transformer l'entrepôt en ce magnifique bâtiment de six étages recelant de livres, CD et DVD de toutes sortes. C'est une véritable caverne d'Ali Baba et je passe beaucoup de temps à y flaner et dénicher de tout ! J'aime l'architecture des lieux, cette ancienne zone portuaire a, je trouve, beaucoup de charme...



Ensuite, je traverse la passerelle pour rejoindre le centre commercial Rivétoile où je vais voir mon libraire préféré ! Même si je n'ai rien de spécial à acheter, j'adore arpenter les rayons. On y trouve en outre, des magazines spécialisés, de très jolies cartes et marques-page, des agendas, des carnets, des cahiers et surtout, des livres que j'ai du mal à trouver partout ailleurs ! Ce libraire est fabuleux ! Aujourd'hui je n'ai pas fait de folies, je suis ressortie avec uniquement le n°2 du "magabook" Feuilleton.




Enfin, après mes petites déambulations livresques, je commence à avoir un petit creux, je vais donc m'installer à une table de "Verrine & Vapeur", une sorte de "fast-food" où l'on mange du bon, du beau, du bio, que des produits frais aux délicieuses saveurs. La carte change chaque mois et ils ont le don de marier les saveurs à merveille. Comme son nom l'indique, ils servent donc des verrines en entrée et de petits paniers vapeur en plat. Je suis une inconditionnelle, jamais déçue !



Aujourd'hui fut un jour de "grande pause" comme je les aime, sous le magnifique soleil hivernal, malgré les -12° qu'indiquait le thermomètre !

Voici ma moisson CD du jour... Je me suis retenue pour ne pas emprunter de livres car j'ai à la maison une grande pile de bouquins que j'avais achetés et qu'il me faut absolument lire. J'ai donc décidé de terminer cette PAL avant de ré-emprunter quoi que ce soit !



J'y ait par contre trouvé sur les présentoirs de l'entrée, un "gratuit" dont la couverture et la devise m'ont beaucoup plu : "La culture n'a pas de prix". C'est un magazine culturel vraiment très intéressant, avec des articles de grande qualité, et je ne résiste pas à l'envie d'en recopier ici l'édito qui est très beau, mais aussi très dur :

"J'adore les bibliothèques publiques. Ce sont les seuls endroits où l'on peut s'asseoir au chaud et bouquiner pendant des heures sans rien payer. Ces derniers temps, ça me fait chaud au coeur de constater que la montée du chômage favorise la lecture. S'user les yeux sur un bon bouquin pendant que les autres angoissent au bureau et s'esquintent la santé à l'usine, ça ouvre l'esprit. Il y a quelques semaines, j'ai repéré un homme qui lisait Les Misérables de Victor Hugo dans un volume de la Pléiade. Tandis que je feuilletais un magazine people à vive allure, l'homme avançait laborieusement dans sa saine lecture.
- Vous en êtes où ?
- Page 352. C'est la catastrophe. Waterloo !
Une semaine plus tard, l'homme était toujours à la même place.
- Alors, comment ça se passe à Waterloo ?
- Waterloo morne plaine. Maintenant je suis sur les barricades avec Gavroche.
- Ah ouais un chic gosse... Je me souviens : Joie est mon caractère, c'est la faute à Voltaire, misère est mon trousseau, c'est la faute à Rousseau...
- Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute...
- Pourquin vous ne l'empruntez pas pour le finir tranquillement chez vous ? Le meilleur endroit pour lire Les Misérables, c'est un bon lit douillet.
L'homme s'est contenté de sourire à moitié sans me répondre.
Quelques jours plus tard, il était toujours assis à la même place. Fidèle au poste.
- Alors, comment va Jean Valjean ?
- Il vient de laisser filer son pire ennemi, l'inspecteur de police Javert.
Pourquoi sauver la peau de son pire ennemi ?
Comme ne n'avais pas la réponse, je me suis plongé dans un de ces magazines sur papier glacé qui me procurent un plaisir aussi éphémère que coupable.
La fois suivante, l'homme n'était plus là. Contrarié, je suis parti à la recherche de Victor Hugo. Le grand homme était à sa place, à la lettre H, cointé entre Michel Houellebecq et Nicolas Hulot. Un signet était glissé à une centaine de pages de la fin des Misérables.
- Vous cherchez quelque chose ?
Une bibliothécaire me souriait tout en remettant un peu d'ordre du côté de la lettre G.
- Je cherche quelqu'un... L'homme qui lisait Les Misérables dans la Pléiade.
- Il ne viendra plus. Il a dû se faire pincer...
- Pincer ?
- Il n'avait pas de papiers, c'est pour ça qu'il n'empruntait jamais rien.
Pour avoir une carte, il faut des papiers... Et sans carte, pas de livres.
L'humanisme a ses limites.
- Vous connaissez son nom ?
- Il n'avait pas de carte, donc pas de nom. On se disait bonjour et c'est tout.
Je ne sais même pas d'où il venait.
Le soir même, bien au chaud dans mon lit douillet, j'ai lu que 32 922 étrangers avaient été expulsés de France en 2011 et que le ministre espérait arriver à 35 000 en 2012.
Il était temps de relire Victor Hugo..."

Philippe SCHWEYER

Ce texte m'a émue car des lecteurs comme celui des Misérables, j'en vois à chaque fois que je vais à la médiathèque....



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