jeudi 18 avril 2013

7 ans...

"L'enfantement n'était pas seulement une torture physique, mais une peur attachée comme une pierre à une joie intense. Les mères savaient la mort déjà à l'oeuvre dès le premier souffle de leur enfant, comme accrochée à leur chair délicate. Souviens-toi que tu es poussière !
J'avais encore son parfum sur les mains, la douceur de sa peau au bout de mes doigts, l'empreinte de sa tête sur mon épaule. La peau fine de mes seins, où toutes mes humeurs se déversaient soudain par jets, allait se déchirer comme tissu, mon être éclaterait bientôt tant mon corps débordait de tendresse et de lait.
Ô ce vide en mes bras comme un creux en mon âme !
Et, pour la première fois, Dieu ne m'était d'acune aide.  [...] J'ai tenté de prier pour combler la solitude immense. Mais rien ne venait à bout d'une peine trop grande pour tenir tout entière en mon corps, pour tenir tout entrière en cette petite pièce ou dans l'infime paysage qu'encadrait ma fenestrelle. Il me semblait que la forêt elle-même n'aurait pu contenir ce désert-là."

Carole Martinez
Du domaine des Murmures


6 commentaires:

  1. Triste souvenir apparemment...
    Bon courage et vas au soleil te ressourcer :)

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  2. Ils sont superbes ces mots. Pour avoir lu ton histoire là où tu l'as confié, je comprends avec beaucoup d'émotion que tu les aies choisi.

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  3. Les blessures ne cicatrisent jamais complètement j'ai l'impression. Elles font partie de soi. Indélébiles. C'est dur et c'est sain. Une peine de 9 ans me faisaient encore pleurer il y a quelques jours. Mais la vie reprend ses droits, heureusement. De douces pensées Philli, et merci de partager cette douleur avec tant de pudeur, par les mots d'une autre (j'ai reconnu le style de Le Coeur cousu...)

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  4. Ce que les mots de Carole Martinez laissent parler pour toi me touche beaucoup....

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  5. Ces mots résonnent en moi, parce que je sais ta douleur, qui est la même que la mienne...
    Pour moi, ça va faire 9 ans...
    Douces pensées...

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