samedi 24 janvier 2015

Carnets de voyage - Karukera # 3


Vendredi 19 décembre 2014

Après une nuit de pluies torrentielles et de grosses bourrasques, nous sommes réveillés très tôt. Il va falloir nous habituer à ce décalage horaire qui est la cause de ces réveils très matinaux ! En même temps, cela nous permet d'être vite prêts et d'en profiter au maximum. Cela nous permet également d'être bien tranquille pour le petit-déjeuner !

Nous décidons aujourd'hui d'aller sur Basse-Terre et de traverser cette partie de l'île par la route de la Traversée qui porte très justement son nom ! Nous nous arrêtons à mi-chemin pour découvrir la cascade aux écrevisses. La pluie tombe par intermittence et l'atmosphère est très humide. La forêt tropicale nous donne l'impression d'avoir fait un bond dans la préhistoire à l'ère de l'Holocène ! Feuilles géantes, plantes luxuriantes, lianes qui semblent tomber du ciel et partout, des cris d'oiseaux. C'est une ambiance fascinante que j'aime beaucoup ! La petite cascade est charmante, et sur le chemin du retour, nous entendons un bruit qui ressemble à une scie circulaire ! Nous nous disons que quelque bûcheron doit couper du bois dans les parages, mais le bruit s'intensifie au moment où nous passons à proximité d'un arbre. Le volume sonore est vraiment très élevé et cela attise notre curiosité. Nous regardons en l'air, cherchant une bête quelconque quand tout à coup, notre regard, redescendant vers la base du tronc, aperçoit une énorme cigale !

Après cet intermède forestier, nous décidons d'aller jusqu'à Pointe-Noire. Nous avons entendu parler d'une ferme aquacole qui fait également table d'hôte et propose les ouassous dont elle fait l'élevage. Cet endroit est vraiment très intéressant. Quand nous arrivons, on nous explique qu'il est possible de visiter la ferme et le parc, qu'il est prévu qu'un guide nous explique le fonctionnement et la raison d'être de cet élevage et que nous pouvons donc déjeuner sur place, le tout pour une somme très modique ! Nous avons quelques minutes avant le démarrage de la visite et en profitons pour nous intéresser à Madame Vanille qui vend les épices qu'elle produit et récolte elle-même. Ceci est intéressant quand on sait qu'aux Antilles, la plupart des épices sont importées, ce qui peut sembler une aberration ! Les épices de Madame Vanille sont non seulement toutes aussi appétissantes les unes que les autres, mais elle est de surcroît très généreuse en explications culinaires et en conseils sur la façon d'accommoder ces épices. Nous ne pouvons que craquer sur les épices sauce chien, le colombo, le roucou, les graines à roussir, le kalinoga et les épices Caraïbes que je sais déjà bien mettre en valeur avec les brochettes de poulet !

La visite de la ferme aquacole commence. Le guide est vraiment très intéressant et surtout très doux dans sa manière de parler... Il me semble que c'est le patron, il est passionné par ce qu'il fait et la manière dont il en parle ne peut que passionner son auditoire ! Les ouassous sont donc des espèces d'écrevisses, mais leur apparence, et notamment la physionomie de leurs pinces, me fait plutôt penser à une espèce de grosse langoustine d'eau douce. Ouassous signifie "Roi de la Source". C'est une espèce qui qui naît donc dans les rivières, puis, larve trop petite pour avoir la force de se diriger, se laisse entraîner par le courant en direction de la mer où elle grandit. Une fois adulte, elle remonte le courant pour revenir jusqu'à la source de sa naissance. Ce qui fait donc sa particularité et sa saveur, c'est qu'elle aura vécu à la fois en eau salée et en douce. Pour en faire l'élevage, on doit la faire vivre dans un mélange d'eau douce et d'eau salée que l'on appelle de l'eau saumâtre. Mais pourquoi, me direz-vous, en faire l'élevage s'il s'agit d'une espère que l'on trouve dans les rivières guadeloupéennes ? Eh bien parce qu'il s'agit d'une espèce que l'on ne trouve quasiment plus à l'état sauvage. Elle est en effet en voie de disparition car dans les années 80, les cultivateurs de bananes ont utilisé à grande échelle, un insecticide très toxique qui a pollué les rivières. La principale molécule de cet insecticide a décimé les ouassous qui la concentraient à haute dose dans leur organisme. Il faut savoir que la plupart des ouassous servis dans les restaurants, sont importés d'Asie du Sud-Est. Pour déguster de véritable ouassous, il faut donc s'assurer qu'ils proviennent de l'une des deux fermes aquacoles encore en activité sur l'île. L'activité de cette ferme est donc très importante et nous souhaitons que cette exploitation continue à prospérer pour pouvoir perpétrer cette espèce dont je ne connais pas encore le goût. Mais cela ne saurait tarder !

Après un petit tour dans le parc aux nombreuses espèces végétales, nous prenons place pour le déjeuner. Nous avons beaucoup de chance car la table d'hôtes n'est ouverte que le vendredi midi et le dimanche midi, c'est pourquoi nous n'avons pas hésiter à rester pour le déjeuner car j'avais vraiment envie de découvrir ce met. Compte-tenu de la pluie qui ne cesse de tomber depuis un bon moment maintenant, les tables sont dressées sous une tonnelle. Après un chouette apéritif à volonté (planteur et ti-punch bien sûr !), on nous sert une assiette d'accras de loup des Caraïbes. C'est un véritable régal, et on sent bien qu'ils ont été préparés à l'instant (d'ailleurs, on a bien vu les cuisinières oeuvrer !). Nous connaissons les accras de morue, célèbre spécialité antillaise, mais c'est la première fois que nous goûtons aux accras de loup. C'est beaucoup plus fin et "aérien", une belle découverte culinaire ! Puis le plat principal arrive enfin. On me sert une magnifique assiette de ouassous accompagnés d'une sauce qui semble bien appétissante ! Au goût, il me semble bien que cette sauce est à base de vieux Rhum ! Quant aux ouassous, c'est un véritable délice ! On dirait effectivement de la langoustine mais en beaucoup plus fin, beaucoup plus "goûtu", et pourtant, la langoustine est déjà quelque chose de délicieux pour moi ! Philou n'a pas osé en prendre. N'étant pas très fruit de "mer", il a eu peur de ne pas apprécier et a préféré choisir un loup des Caraïbes provenant également de l'élevage. Le loup des Caraïbes est un poisson à la chair blanche et délicate qui se rapproche un peu du bar (pas le bar à vins hein, le bar poisson, sinon, on dirait plutôt que c'est le Philou qui se rapproche du bar !!!). Pour clôturer ce délicieux repas, parfait de bout en bout, nous nous régalons d'une banane flambée. 

Pour une bonne digestion, nous prenons ensuite la direction du saut d'Acomat. Nous rencontrons sur la route, une dame qui nous fait un signe. Nous nous arrêtons. Elle reconnaît certainement notre peau pâle de touriste fraichement débarqué et nous demande si nous cherchons Acomat. A notre réponse positive, elle nous dit "je peux vous y emmener si vous voulez, j'habite à côté !". Ni une ni deux, nous lui proposons de monter dans la voiture et allons même la déposer jusque devant sa porte. Ici en Guadeloupe, les gens doivent beaucoup marcher. Apparemment il y a peu de bus, ou alors à la circulation et l'itinéraire aléatoire et il est fréquent de voir des gens faire du stop, non pas en levant le pouce, mais en nous faisant signe de nous arrêter ! Il eut été malvenu de laisser cette dame âgée sur le bord de la route, d'autant plus qu'elle nous explique vraiment bien comment aller ensuite à Acomat que nous aurions peut-être eu du mal à trouver ! Le saut d'Acomat est une petite chute qui, au fil de la rivière, se transforme en petits bassins. L'accès pour y aller est difficile et nous cheminons de rochers en rochers, rendus glissants par les fréquentes averses. 

Nous terminons cette journée en rentrant par le nord de Basse-Terre : Deshaies, Sainte-Rose... De retour à l'hôtel, nous constatons qu'il n'y a malheureusement toujours pas d'eau, et que même l'eau du bungalow-citerne commence à se tarir  ! Nous nous rinçons tant bien que mal !

Les guadeloupéens aiment beaucoup faire la fête le vendredi soir. C'est une tradition et un moment important pour eux puisqu'ils se mettent même sur leur 31 ! La nuit sera bercée par les "flons-flons" d'une fête toute proche, une soirée zouk, laissant place vers 2 heures du matin à une série de chants de Noël en créole ! Ambiance...
















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