mardi 13 janvier 2015

Carnets de voyage - Karukera # 1


 Mercredi 17 décembre 2014

Une bien longue journée s'annonce, mais peu importe puisque c'est pour nous diriger vers une destination ensoleillée : Saint-François en Guadeloupe.
Nous l'ignorons encore mais nous allons devoir rester éveillés durant 24 heures !

Départ de Strasbourg par le train de 7h40. Angelo a eu la gentillesse d'accepter d'héberger notre voiture et de nous conduire à la gare. Fidèle au poste, il sera également présent pour notre retour, mais pour nous, le retour semble très très loin et nous n'y pensons pas du tout... Le TGV prendra du retard après s'être immobilisé sur la voie, à environ une cinquantaine de kilomètres de l'arrivée et pour une raison que nous ne connaîtrons jamais. Nous craignons que ce retard n'aie des conséquences fâcheuses sur la suite du voyage car notre timing est très très serré. Arrivés en gare de Massy, nous cherchons désespérément l'endroit où nous devons prendre la navette pour l'aéroport : on tourne en rond, on cherche, on cherche... Finalement, un jeune homme nous dit qu'il faut marcher jusqu'à cet îlot où passent les bus, là-bas... Nous y allons en courant presque, ruisselant car il pleut à verse ! Nous attendons, nous attendons, mais rien... Et là, quelque chose m'échappe, j'ai un gros doute : je trouve étrange d'attendre sous cet abribus, un bus pour Orly. Ok, c'est notre destination, mais il n'est pas prévu de bus dans notre programme, il est prévu une navette Air TGV ! Nous décidons de retourner vers la gare et de mieux chercher. Là, vous me dites : "mais renseignez-vous bon sang !"... Oui, sauf qu'il n'y a personne ! Cette gare semble déserte et la signalétique approximative. "Approximative" était le mot juste : en fin de compte, l'arrêt navette était juste à la sortie de la gare de Massy, juste en face, avec, écrit en minuscules lettres jaunes sur la chaussée contre le trottoir : "Air TGV". Il faut nous excuser, la quarantaine bien tassée, notre vue commence sérieusement à montrer des signes de défaillance, et nous avons marché sur ces quelques lettres à-demi effacées, sans les voir ! Ce qui nous rassure, c'est qu'au final, nous ne sommes pas seuls mais plein de pauvres touristes désoeuvrés en partance vers les Antilles, à avoir cherché cet endroit ! Avec tout ça, une bonne vingtaine de minutes se sont écoulées, et mon angoisse continue à monter à l'idée de ne pas arriver dans les temps à Orly... D'autant plus qu'aucune navette ne pointe le bout de son nez. On commence à trépigner et à s'interroger, toujours sous une pluie glaciale quant une agente SNCF, probablement étonnée de voir ce groupe de touristes pressés de partir au soleil, poireauter depuis une demi-heure, vient s'enquérir de notre temps d'attente et surtout, de l'horaire de notre vol, et prévoit, au pire, de mettre en place un système de taxis en plan de secours. Finalement, la fameuse navette arrive, mais le chauffeur, passablement agacé, nous annonce d'entrée de jeu qu'on aura de la chance si on a notre avion. Voilà voilà, ambiance...
Au final, nous arrivons dans les temps à l'aéroport, mais il faut tout faire au pas de course !

Le vol se déroule très bien et nous commençons à être euphoriques à l'idée d'être enfin, à cet instant que nous attendons depuis des mois : nos vacances tant attendues au soleil, tous les deux en amoureux. Deux semaines de dépaysement, de chaleur, de temps rien que pour nous.
Nous arrivons à Pointe-à-Pitre à 18h15 heure locale (23h15 en métropole) et la nuit est déjà tombée sur l'archipel. La température au sol est de 28° alors que nous avons quitté l'Alsace sous 2° ! Nous avons heureusement prévu une tenue "pelure d'oignon" : plusieurs couches que l'on peut effeuiller au fur et à mesure de la hausse du thermomètre ! Mais que cette chaleur fait du bien !
L'attente pour récupérer nos valises est un peu longue, mais peu importe. Des affichettes un peu partout dans l'aéroport, nous alertent contre le Chikungunya et la Dengue, et nous invitent à nous asperger de produit anti-moustique. Une petite angoisse me traverse à l'idée à l'éventualité de contracter ces vilaines choses. Angoisse vite balayée par l'excitation de tout ce qui nous attend.

Nos valises enfin récupérées, nous cherchons les guichets de loueurs de voiture. Nous mettons moins de temps à les trouver que le matin même à chercher la base de la navette ! Mais l'attente est longue, car nous sommes plein de touristes bien pâles et à la peau délicate que vont adorer les moustiques, à faire la queue pour récupérer nos clés. Notre tour arrive enfin, mais la voiture n'est pas sur place : nous devons prendre un mini-bus qui nous emmène vers une plate-forme remplie de centaines de petites voitures blanches qui attendent leurs clients ! Prendre cette navette, rouler encore quelques kilomètres, arriver sur ce parking géant et chercher notre voiture dans ce dédale d'automobiles sosies prend encore du temps ! Nous récupérons enfin notre petite Picanto Kya (à qui il arrivera une petite aventure à la fin du séjour... à suivre donc...) et sortons de l'Aéroport Pôle Caraïbes. C'est là que ça se complique un peu : il fait nuit, il fait très chaud, nous sommes transpirants et cela crée une grosse condensation sur toutes les vitres ! Bon, objectif premier : trouver la sortie, et surtout notre chemin. Heureusement, j'ai pensé à imprimer l'itinéraire et un plan suffisamment clair pour nous sortir de là. Nous passons à proximité d'un Carrefour et Philou veut s'arrêter pour acheter un pack d'eau et..... un pack de bière ! L'idée me paraît futée car il est déjà quasiment 21h et il commence à faire soif. Je suis également alertée par ce qui se passe régulièrement en Guadeloupe : de fréquentes et inopinées coupures d'eau courante. Il est donc plus prudent d'avoir quelques bouteilles d'eau (et accessoirement, de bière pour Philou, on sait jamais, des fois qu'il y aurait des coupures de bière...). A cet instant de l'histoire, vous noterez que l'on ne pense pas à s'acheter quelque chose à manger...

Bref, nous voici sur la route, dans la bonne direction, et nous prenons d'entrée de jeu, la dimension de la circulation sur l'île : un peu du grand n'importe quoi dans tous les sens. Nous sommes crevés et il faut encore se concentrer sur ce grand bazar (enfin surtout le Philou !). En revanche, nous devons arriver au Golf Village avant 21h30. Compte-tenu de notre horaire tardif de départ de l'aéroport, et compte-tenu de la circulation en ce mercredi soir (il doit y avoir des Chanté-Nwé dans les parages), je doute fortement que nous arrivions dans les temps. Je téléphone donc pour prévenir de notre retard, et je tombe sur un charmant Willy qui me dit qu'il nous attend sans problème, et me propose de le rappeler avant l'arrivée à Saint-François pour qu'il nous guide jusqu'à l'hôtel. 

Nous arrivons vers 21h45 et effectivement, "notre" Willy est adorable : il nous accueille par cette excellente nouvelle : "en raison d'une grève du syndicat des eaux, il n'y a pas d'eau courante, ça, c'est la mauvaise nouvelle et on l'oublie tout de suite !". Et il nous sort une bouteille d'eau minérale de sous son comptoir ! S'en suivent les consignes : si on veut prendre une douche, il faut venir le voir pour chercher la clé d'un bungalow relié à une citerne et donc approvisionné en eau. Malgré notre retard, il nous a attendu, et attendra encore : il nous confie la clé du précieux bungalow afin que nous puissions prendre une douche (je rappelle que cela fait quasiment 24h que nous sommes debout + le voyage + toutes les péripéties = on commence un peu à sentir le fennec, et encore, c'est une offense au fennec que de dire cela). Il sort également de sous son comptoir, un grand seau en plastique vert : pour les toilettes ! Nous devons aller le remplir à un réservoir, un peu plus haut dans la résidence, pour évacuer nos toilettes. Nous faisons contre fortune bon coeur car nous étions plus ou moins au courant que cela risquait de nous arriver, et parce qu'en plus, nous sommes en vacances, au soleil, heureux d'être arrivés, et surtout pressés de nous doucher et de nous coucher. Willy est vraiment adorable et attendra que nous revenions lui rendre la clé du bungalow pour terminer sa journée.En revanche, il n'y a plus de possibilité de manger. Tant pis !

Quant à nous, malgré la fatigue, nous prenons tranquillement le temps de défaire nos valises et de tout ranger, Philou savoure sa petite bière un peu chaude et s'empresse de mettre les autres au réfrigérateur. Nous nous partageons un petit paquet de biscuits apéritif que nous avons eu dans l'avion, nous nous brossons les dents et nous rinçons avec l'eau de la bouteille et enfin, enfin, nous nous couchons. Il est l'équivalent de 4h du matin en métropole, 23h à Saint-François, la literie est confortable, il fait bon et surtout, surtout... nous sommes heureux. Les grenouilles siffleuses, habituées des nuits antillaises nous bercent, tout comme leurs camarades insectes qui crissent de tous côtés. Le vent se lève, la pluie commence à tomber, nous saurons plus tard que chaque nuit que nous passerons ici, sera bercée par le chant des grenouilles siffleuses (un régal pour les oreilles), des insectes, des tornades de vent et des pluies diluviennes...

La suite, tout bientôt...

L'anecdote photo : la constitution de nos valises et la question cruciale : où caser toutes mes sandales ? Notez que la petite valise de droite contient tous nos habits à Philou et moi : un miracle !


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